Pépère sous escorte

En préambule, étant seul pour cette partie du voyage après l’Iran, le « je » sera utilisé pour cet article. (C’est plus pratique que des Michel à n’en plus finir).

C’est avec Corentin le Belge en vélo, Hans le Hollandais et sa toute petite voiture, Manuel l’Espagnol en defender aménagé, un jeune Turc à pied et deux Russes en moto que nous partons pour le long voyage sous escorte policière.

Depuis quelques années, je me posais plein de questions sur cette traversée du Pakistan encadré sur environ 1000 kilomètres, je vais enfin savoir.

Nous laissons nos gardiens de quelques jours et prenons la route de Quetta à environ 600 kilomètres.

Dès notre sortie nous constatons que les camions pakistanais assument à fond leur réputation d’excentricité.

Alors que pour gagner en consommation, les occidentaux recherchent un aérodynamisme toujours plus performant, ici, tout ce qui pourrait freiner le camion est installé au nom de la tradition. OK, c’est très pittoresque, et sympathique mais un peu hors du temps.

La première partie est assez désertique avec ses caravansérails (relais pour chameau dans le passé.).

Comme souvent en communauté, il y a des problèmes . Franchement les russes avec leurs motos surpuissantes ne font aucun effort pour nous aider à suivre les Levis (c’est le nom officiel de nos escorteurs) lors des dépassements pas toujours très faciles, alors je remonte la file et fait arrêter le convoi. Entre les levis qui ne parlent pas anglais, et les Russes pas très à l’écoute, c’est compliqué mais nous reprenons la route et ça va mieux.

Le sable cherche parfois sa place au prix de barrages inopinés.

Nous traversons un grand nombre de checkpoints soit contrôlés par l’armée soit par la police.

Assez souvent lors des contrôles, nos documents sont pris en photo avec un smartphone.

Chose importante, nous changeons très souvent d’escorte car ils ont des zones, ça peut aller de 5 km à 50. Ça casse le rythme mais, au moins on peut se détendre et faire des poses pipi.

À l’occasion de l’une d’elles, je découvre deux autres voyageurs. Un Pakistanais et sa compagne ukrainienne. Ils sont, comme les cyclistes et stoppeurs, installés dans les voitures de police.

Ce qui fait que à chaque fois, il faut transvaser les affaires d’un véhicule à l’autre en fin de mission

Corentin n’a pas accepté le sort qui était fait à son vélo à chaque changement alors Manuel a pris l’homme et le deux roues avec lui.

Le premier soir, nous allons passer la nuit à la police.

L’espace est grand et dans Pépère, tout comme Manuel, nous sommes bien pour la nuit.

Les autres doivent dormir dans une grande salle vide. Avant, Corentin s’est attablé (façon de parler) avec les policiers .

On comprend vite que côté sécurité, la police c’est pas le top.

Le lendemain, nous repartons pour terminer la première partie de la route vers Quetta. La route est toujours aussi sympa avec des dépassements parfois hasardeux

 

Un accident, le seul malgré tous les risques pris sur ces routes.

Encore un contrôle, Elle est vraiment petite la voiture du grand Hans….

Pour suive je dois doubler des camions XXL, c’est pas toujours facile avec le peu de reprise de Pépère mais, c’est distrayant pendant les longs kilomètres.

Par contre, il n’y a qu’un tunnel sur cette route, mais, il n’est vraiment pas fait pour les gros gabarits, alors c’est beaucoup d’attente pour les camions.

Et allez, encore un énième changement de Levis.

A un changement d’équipe, c’est une moto qui nous escorte. Le jeune turc monte dessus à l’arrière et un des levis monte avec moi. (photo à l’envers pour cause de selfies)

Encore des arrêts aujourd’hui on en a eu un qui n’a duré que 2 km avant de changer.

Heureusement les Pakistanais ont le don de nous occuper les yeux. Avec leur gros tracteurs décorés, il travaillent dans les champs, musique à fond diffusée sur haut parleur pour tout le monde.

Tout se passe très bien, mais la proximité avec l’Afghanistan rend les trajets et la ville de Quetta dangereux

Et le dernier soir, c’est l’arrivé à Quetta. Et tout ce qu’on avait imaginé est bien pire encore.

surtout coté circulation. Mais je m’habitue très vite à ce pilotage. Ça devient même un plaisir d’être dans une configuration permanente de premier tour de grand prix, la vitesse en moins mais avec plein de fous furieux qui veulent toujours être devant, quel que soit le véhicule, moto, tukuk voiture, bus ou camion.

Et croyez moi, les motos surchargés par des famille tout entières ne sont pas en reste

au Pakistan, le covoiturage n’est pas une fiction. Voitures et moto. Les taxis c’est encore pire.

Eux ne courent pas dans la même catégorie

 

Nous voilà à la police. Après avoir refusé une place sur une décharge,

Nous obtenons un super spot dans la caserne pour le temps qu’il faudra.

Maintenant, il faut aller faire nos NOC, document nous permettant de prendre la dernière partie de la route du Baloutchistan. Alors, nous allons préparer tout ça dans les bureaux. Une alimentation de gaz pour un radiateur ne dénote pas vraiment.

C’est en véhicule de police que nous partons cherche ces précieux documents.

Dans le bureau, toujours la même efficacité, enfin façon Pakistanaise.

Pour info ces documents si longs à obtenir ne nous seront jamais demandés sur la route.. Si, une fois pour faire un autre document qui ne nous sera jamais demandé non plus.

A cette occasion, nous faisons la connaissance d’un couple de voyageurs philippins, sur une espèce de scooter aménagé, en route pour un long périple, ils ont une pêche d’enfer.

Et après deux jours à la recherche de carte Sim, il faut constater que nos gardiens nous ont baladés et que nos cartes Sim n’arriveront jamais.

Deux jour après notre arrivée, nous prenons la route à l’aube pour terminer les 400 km de Baloutchistan sous escorte .

Bien sûr, les Russes ont besoin de carburant, Hans aussi.

Finalement, malgré un nombre de changements de Levis inimaginable, nous arrivons à Sukkur, dernière partie où nous avons besoin d’une escorte.

Cette ville est polluée par un nuage de poussière insensé, en 1h les poumons sont pleins. Merde, j’avais des masques derrière et je n’y ai pas pensé !!!

Tous vont à l’hôtel sauf Manuel et moi. Nous dormirons dans une nouvelle cour de police.

 

Chacun à un bout de la cour et moi à côté d’un drôle de van.

Un des policiers, qui ressemblait plus à un taliban, nous invite à manger du riz chez lui. Manuel a refusé de boire. Pas moi, l’eau était soit disant minérale. Résultat un ventre dérangé dans la nuit.

Un imodium et c’est fini. Je peux reprendre la route le lendemain.

Manuel part visiter un truc dans le sud et moi, je file à Lahore, ma dernière étape.

Après une sortie de ville très rock and roll, une surprise m’attend. Une autoroute qui doit me mener à destination sur les 750 km. En plus il est payant, donc il n’y a personne, je vais enfin pouvoir avaler les kilomètres.

Alors que je roule bon train autour de 100 km/h, une toute petite voiture bleue dans mon rétroviseur attire mon attention.

C’est Hans qui m’ayant vu filer sur l’autoroute depuis une petite route, a pris la prochaine entrée et à fond m’a rattrapé.

Nous décidons de continuer ensemble.

A peu près 400 km plus loin l’heure de s’arrêter arrive. Nous avions un l’adresse d’un hôtel dans un petit village. Malheureusement il est moche et fermé. Un homme nous indique le meilleur. Et comme le nuit est déjà là, je redémarre les yeux sur mon téléphone pour le guidage, juste au moment où un gamin décide de me couper la route.

J’ai un peu broyé la remorque qui lui sert de petit magasin ambulant et renversé sa marchandise. Petit moment de galère et finalement un adulte a prit le rôle d’avocat du gamin.. Malgré l’attroupement, tout se passe dans le calme et je suis condamné à verser 40€ de dommages

C’est pas tout ça, maintenant il fait nuit noir et Hans refuse le nouvel hôtel très très sale. Nous décidons d’aller rejoindre l’autoroute à 25 Km pour chercher une station service où dormir. Dans la nuit, je sers s’éclaireur car il faut un peu impressionner pour conduire la nuit ici. véhicules à contre sens et surtouts moto et tuktuk dans feux. et camions surchargés  C’est très chaud…

Un fois la station trouvée, je choisis un petit coin retiré à cote d’une mosquée d’autoroute 

Moi, j’étais confort et l’immense Hans dans sa microscopique petite voiture , dit avoir passé une bonne nuit

Il faut dire que Hans, hollandais à la base, vit en Zambie où il travaille dans le tourisme africain, alors, la dure, il connaît. En tout cas, ça fait bizarre de rencontrer un garçon qui a les mêmes passions que moi dans ces conditions.

Encore quelques kilomètres et nous arrivons tous les deux chez Hussain qui s’est occupé par internet de mes visas Pakistanais.

Maison bourgeoise au milieu d’un village très pakistanais, si vous voyez ce que je veux dire.

Une nuit dans sa cour, Hans continue sa route sur Islamabad et moi, je laisse pépère en sécurité ici le temps d’aller chercher Doreen à Dubaï chez nos amis Danie et Gaétan. Bien sûr l’extraordinaire mamy de 96 ans est toujours là et bien en forme.

En fait, nous avons des E-visas pour l’Inde et ils ne sont valables que pour une arrivée par un aéroport. Nous faisons donc un vol directement sur Amritsar en Inde et rejoindrons Pépère au Pakistan en taxi. Compliqué et un peu onéreux mais incontournable avec nos e-visas.

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